Une autre erreur est de considérer qu'abstraire aux niveaux supérieurs est 'mauvais' (resp. 'bon') alors que les niveaux inférieurs sont 'bons'
(resp. 'mauvais'). Il n'y a pas de jugement moral rattaché au niveau auquel une personne abstrait. Par exemple, la science
d'aujourd'hui represente nos plus hauts niveaux d'abstraction. L'erreur a été faite par l'un des premiers vulgarisateurs des
travaux de Korzybski, Stuart Chase, dans son livre La Tyrannie des Mots.
Enfin, une erreur que font souvent les débutants en sémantique générale est de croire que les animaux (autres que l'Homme) ne peuvent
pas du tout abstraire à des niveaux supérieurs. Nous savons tous comme certains animaux peuvent être malins et il n'y a pas de doute que, pour
se comporter comme ils le font, ils doivent utiliser des abstractions d'un certain niveau. Mais ce que nous savons est que ce processus d'abstraction
s'arrête quelque part, alors qu'un homme peut potentiellement continuer ce processus d'abstraction indéfiniment, s'arrêtant
lorsqu'il le souhaite. Et surtout, un homme peut être conscient d'abstraire.
Une deuxième erreur faite par les débutants est de considérer "aristotélicien" comme 'mauvais'. Comme nous l'avons vu ci-dessus, nous savons
que tout ce qui peut être considéré comme aristotélicien est aussi non-aristotélicien. En science, nous n'utilisons
pas toujours le système le plus moderne pour arriver à une conclusion; nous utilisons parfois un système plus ancien plus facile à appliquer
et dont nous savons qu'il donnera un résultat suffisamment correct (rappelez-vous que la surprécision est une erreur d'application
de la non-toutité). Par exemple, les lois de Newton sont applicable pour prédire la position de la plupart des
planètes, sauf celle de Mercure à cause de sa trop grande vitesse relative.
Ce que la conscience d'abstraire n'est pas: abstraire consciemment, une sorte de super-pouvoir, une sorte
d'introspection, etc.
Un autre modèle, le ZEOS de Bourland, montre une incompréhension du terme "abstraire" et continue en y
'ajoutant' ce qui était inclus à l'origine. Il montre également une incompréhension de ce qu'est le niveau de
l'événement et en fait une représentation incorrecte. Korzybski a appelé l'événement "l'objet scientifique,"
i.e. ce dont la science parle.
De nombreuses erreurs ont été faites à propos de la 'flèche' qui connecte les abstractions d'ordre supérieur
avec l'événement, la comparant par exemple à une sorte de "bio-rétroaction" vers les centres inférieurs du cerveau.
La réponse correcte se trouve dans Science and Sanity: la science (les plus hautes abstractions d'une époque
donnée) parle de ce niveau de l'événement auquel nul n'a d'accès 'direct' (puisque la perception se passe au niveau de l'objet).
De plus, la science est le seul moyen par lequel nous pouvons être conscients de l'existence de ce niveau. Donc,
Korzybski a agrafé les niveaux d'abstractions supérieurs au niveau de l'événement, ou dessiné une longue flèche qui
va du niveau d'abstraction le plus haut au niveau de l'événement.
Une autre gaffe est de confondre le terme "objet" avec un objet physique. Dans le cas du DS, "objet" se refère
à une construction à l'intérieur de nos cerveaux à partir de nos perceptions, et non pas à l'objet physique qui serait
plutôt représenté sur le DS au niveau de l'événement. Les niveaux du DS partant de l'objet inclus et postérieurs
decrivent quelque chose qui se passe à l'intérieur de nos têtes. Le niveau de l'événement, lui, peut être n'importe quoi
qui se passe, 'intérieur' et 'extérieur' n'ayant pas de sens à ce niveau.
Cette formulation est encore mieux rendue par le poème d'Henri Landier. Une conséquence de cette
stratification est qu'une sensation, comme la faim par exemple, est représentée sur le DS au même niveau que n'importe
quelle observation d'événements à l'exterieur de notre peau. Autrement dit, "faim" est aussi objectif que "bleu".
Ici, nous constatons que le DS ne traite pas différemment ce qui se passe à l'extérieur ou à l'intérieur de notre peau:
le DS est un outil non-elementaliste.
Certains ont critiqués le DS parce qu'il ne mentionnait pas les 'idées'. Bien que Korzybski a traité ce problème dans
une autre présentation du DS dans son livre Le Role du Langage dans les Processus Perceptuels,
il n'y a pas de nécessité à le faire. Mis à part le premier niveau, celui de l'événement, tous les autres peuvent être
considérés comme multiples sans aucun changement dans l'utilité du DS. En d'autres mots, il n'est utile, pour
notre objectif en sémantique générale (qui n'est pas une neuroscience d'aucune sorte), d'utiliser qu'un seul objet
et qu'un nombre limité de niveaux verbaux (habituellement, trois niveaux de ces derniers sont suffisants, tant que nous
restons conscients que la suite des niveaux verbaux peut être arbitrairement longue).
"Organisme-comme-un-tout" est une formulation qui n'exclut pas de considérer des parties du corps spécialisées,
comme le foie ou les reins, séparément de 'l'esprit', ni de considérer les 'émotions' séparément de la 'pensée,' comme
aspects d'un tout. Mais néanmoins, l'influence de 'l'esprit' sur la santé, démontré dans de nombreuses expériences
scientifiques (effet placebo, par exemple), ne peuvent être comprises par l'ancien élémentalisme religieux
(i.e. 'corps'+'esprit'), exigeant des formulations non-el.
L'analyse, casser un 'grand' problème en morceaux suffisamment petits pour pouvoir les traiter, largement
utilisée en mathematiques et puissant outil pour résoudre les problèmes de la vie courante,
n'a bien sûr rien à voir avec l'élémentalisme. Par exemple, il n'est pas possible d'analyser l'effet placebo en étudiant ses
effets sur 'l'esprit' et ses effets sur 'le corps'. Par contre il est très possible de l'analyser en étudiant le 'corps-esprit'.
L'élémentalisme n'est pas 'mauvais' en soi, de même que le système aristotelicien, les lois de Newton, la
géométrie euclidienne ou un fusil ne sont 'mauvais'. Ce qui est 'mauvais' c'est de les utiliser lorsqu'ils ne sont pas
appropriés pour résoudre un problème.
Une deuxième erreur, de débutants cette fois, est de confondre "identifier (sg)" avec "reconnaître (sens courant)."
Un bon moyen d'éviter cette erreur est de remplacer "identifier" par "reconnaître" et de voir si votre formulation tient
est toujours valide. Bien sûr, la sémantique générale ne préconise pas de ne plus reconnaître les objets familiers
pour arriver à la sanité, tout le contraire en fait: ça ressemblerait plutôt à la maladie d'Alzheimer. Pour plus de détails
lisez L'Identification, en sémantique générale.
En conséquence de qui vient d'être dit, certains sont tentés de parler de "mauvaise identification" ("identifier (sg)")
et de "bonne identification" ("reconnaître"). Une fois que l'on a compris les explications ci-dessus, l'identification (sg) reste
comme une caractéristique indésirable et évitable de nos réactions semantiques.
Enfin, certains confondent (identifient) deux sens du mot "projection": l'un consiste à projeter ses croyances à
l'extérieur de sa peau, comme pour un paranoïaque, ou de croire que la 'verdeur' se trouve dans les feuilles par exemple
(une confusion typique de niveaux d'abstraction, une identification dans le vocabulaire de la sémantique générale), et le
second est un mécanisme de survie de notre système nerveux, câblé dès le plus jeune âge, qui reconstruit un espace-temps
quadri-dimensionnel à partir de nos perceptions, un mécanisme qui est 'parfaitement normal' même s'il peut avoir des limitations
comme par exemple dans le cas des soi-disant illusions d''optique'.
Une bourde rare consiste à croire que "intensionnel c'est à l'intérieur de ma tête et extensionnel c'est à l'extérieur,"
comme si ce qui arrive dans nos têtes était uniquement 'abstrait.' Bien sur, ça ne l'est pas et nous avons une imagerie vivante TEP
pour le prouver. Ces erreurs ont été faites dans un livre mentionné dans la bibliographie.
Un autre exemple frappant nous vient d'une expérience scientifique récente sur les jeux de hasard. L'étude suggérait
que dans de nombreuses situations, notre cerveau sautait sur une conclusion. Ceci montre l'incapacité du thalamus seul (et dans ce cas précis
du cortex anterieur cingulate) à évaluer correctement la situation. Bien sûr, un retard dans la réaction peut aider le
cortex à faire un meilleur calcul et, par rétroaction, corriger l'evaluation incorrecte.
Voici un tableau avec quelques-unes des très nombreuses différences:
Abstraction (Le Processus d')
Aristotélicien (Limites du système)
Conscience d'Abstraire
Différentiel Structurel
Elémentalisme (Non-)
Identité (Non-)
Inférences
Intensionnel and Extensionnel
Multiordinalité
Réaction Retardée
Sémantique Générale
Termes Non-définis
Time-Binding
Toutité (Non-)
Abstraction (Le Processus d')
Aristotélicien (Limites du système)
Conscience d'Abstraire
Différentiel Structurel
Elémentalisme (Non-)
Identité (Non-)
Inférences
Intensionnel and Extensionnel
Multiordinalité
Réaction Retardée
Sémantique Générale vs. Scientologie
Scientologie | Sémantique Générale |
fondée sur la foi, en tant que 'religion' | fondée sur la science moderne, encourage 'l'esprit critique' (extensionalité) |
fondée sur une séparation corps et esprit élémentaliste | previent l'élémentalisme |
Tendance à dissocier la 'personnalité' | 'Personnalité' intégrée |
Ordre d'évaluation inversé pathologiquement | Ordre naturel d'évaluation |
Encourageant la non-sanité | Encourageant la sanité |
Ajustant les faits empiriques aux modèles verbaux | Ajustant les modèles verbaux aux faits empiriques |
Non-similitude de structure entre langage et faits | Similitude de structure entre langage et faits |
affaires lucratives | strictement sans but lucratif, en ce qui concerne les organisations officielles |
opposée à la psychiatrie et la psycho-thérapie | fondée sur la psycho-thérapie (Korzybski a étudié les malades 'mentaux' pendant deux ans dans un hôpital psychiatrique avant de publier Science and Sanity) |
fondée sur le système aristotélicien dont elle utilise sans merci les prémisses d'identité et de toutité | fondée sur les prémisses de non-identité et de non-toutité |
remplie de fantaisies science-fictionesques provenant de l'imagination délirante (ou des cauchemars) de Lafayette Ron Hubbard | fondée sur des données scientifiques connues |
Lafayette Ron Hubbard n'avait aucun bagage scientifique et prétendait être un savant atomiste | Korzybski avait officiellement un diplôme d'ingénieur chimiste |
Etc.
Une autre erreur, très rare, consiste à croire que la sémantique générale
est une sorte de 'rigueur sémantique' ou pire, une 'rigueur orthographique'. Une erreur de grammaire ou
d'orthographe est vue comme une preuve de non-respect de la discipline. Evidemment, la sémantique
générale n'a que peu de chose à voir avec la sémantique et encore moins avec
l'orthographe.
La plus terrible des déformations de la formulation korzybskienne du time-binding est de dire que le
time-binding est équivalent à l'origine religieuse 'semi-divine' de l'Homme dans les religions monothéistes.
Premièrement, pour la raison ci-dessus (le time-binding s'applique à un groupe humain et non pas à un
individu), et deuxièmement parce que le time-binding n'est pas une affaire additive: l'Homme n'est pas "un animal + time-binding".
Comme l'a dit Darwin, "la différence en intelligence entre l'homme et les animaux supérieurs, si grande soit-elle, n'est qu'une question
de degré et pas de genre."
Certains sont tentés de rendre les différences entre time-binders et space-binders plus floues en mentionnant
les nombreuses expériences avec les space-binders qui peuvent utiliser le langage jusqu'à un certain point (comme les dauphins, les orques,
les gorilles, chimpanzés et même les perroquets), qui peuvent apprendre à comuniquer avec les humains jusqu'à un
certain point, etc. Si l'on considère que, laissés à eux-mêmes, la connaissance qu'ils ont acquise avec les humains serait vite perdue,
leur taux de progrès (directement liée à la capacité de time-binding) est infinitésimale comparée à celle des humains.
De sorte qu'elle peut être totalement négligée dans les circonstances courantes. Ceci ne justifie en aucune façon de traiter
les space-binders d'une façon inhumaine, bien sûr, plutôt le contraire puisqu'ils font partie de notre environnement.
Enfin, le time-binding ce n'est pas 'être gentil' avec les gens malgré ce que certains, qui présentent la
sémantique générale comme une sorte de psychothérapie 'aide-toi toi-même', ont l'air de croire. Mais de toutes façons,
'être gentil' a rarement fait de mal dans des circonstances normales, n'est-ce pas ?
Sur la base de cette erreur, certains ont critiqués la non-toutité en tant que principe général, en croyant qu'il était
auto-contradictoire et qu'il impliquait une surprécision que nous serions incapables d'atteindre.
C'est le contraire, en fait: en appliquant la non-toutité, nous savons qu'une tentative de tout dire à propos de quoi que ce soit
est vouée à l'échec, donc nous devons nous souvenir que nous n'avons pas tout dit et nous cessons ainsi d'essayer
d'atteindre une impossible surprécision. Cette erreur est souvent faite par les lecteurs négligents qui confondent
"sémantique générale" avec "sémantique" et ceux qui croient que la sémantique générale parle seulement de
communication 'claire', tombant ainsi dans le piège de la toutité que nous sommes supposés éviter.
Une certaine 'clarté' dans certains aspects de la communication est certainement recommendable, mais certainement
inutile dans d'autres (poésie, langage amoureux, etc.). Rappelons-nous que la sémantique générale en tant que système général
s'applique à 'toutes' les activités humaines, ainsi que le faisait l'ancien système aristotélicien.
Une autre erreur tirée par les cheveux, faite par les tenants du 'postmodernisme', est de comparer la non-toutité au
Théorème d'Incomplétude de Gödel's et/ou au Principe d'Incertitude d'Heisenberg. Ceux qui utilisent ces théorèmes
comme 'confirmant' la sémantique générale ne peuvent habituellement même pas les citer correctement. Ces théorèmes
on des applications limitées et ne fonctionnent que dans un contexte précis. Les sortir de ce contexte et prétendre
qu'il peuvent être appliqués dans la vie courante est une bourde du genre de celles dénoncées dans le livre de Sokal et Bricmont
Impostures Intellectuelles.
Termes Non-définis
Time-Binding
Toutité (Non-)