Erreurs Typiques sur la Sémantique Générale


José Klingbeil

Copyright © 2002 José Klingbeil. L'auteur donne ici permission d'utiliser cet article sous forme électronique seulement, en partie ou en totalié, à toute personne ou institution pour des motifs éducatifs, tant qu'aucun payement n'est perçu en retour.

Cet article est construit à partir des éléments figurant sur chacune des pages correspondantes du site web de l'ESGS. Les erreurs sur les différentes formulations de ssémantique générale sont listées ici en ordre alphabétique pour en faciliter la recherche.

Abstraction (Le Processus d')
Aristotélicien (Limites du système)
Conscience d'Abstraire
Différentiel Structurel
Elémentalisme (Non-)
Identité (Non-)
Inférences
Intensionnel and Extensionnel
Multiordinalité
Réaction Retardée
Sémantique Générale
Termes Non-définis
Time-Binding
Toutité (Non-)

Abstraction (Le Processus d')

Pour les étudiants commençant la sémantique générale, il est habituel de confondre "abstraire" avec "laisser de coté des caractéristiques." "Abstraire" en sémantique générale inclut également "ajouter des caractéristiques sans correspondance aux niveaux précédents." Cet ajout de caractéristiques peut être dû à des préjugés ou un parti-pris, mais peut aussi être 'physiquement' enraciné dans la structure de notre cerveau, par nécessité génétique ou éducative. La perspective à l'occidentale, par exemple, est une habitude acquise par des gens vivant dans des maisons avec des pièces et des fenêtres rectangulaires. Il n'est ni 'bon' ni 'mauvais' d'utiliser la perspective occidentale, simplement utile dans certains cas et inutile ou dangereux dans un faible nombre d'autres.

Une autre erreur est de considérer qu'abstraire aux niveaux supérieurs est 'mauvais' (resp. 'bon') alors que les niveaux inférieurs sont 'bons' (resp. 'mauvais'). Il n'y a pas de jugement moral rattaché au niveau auquel une personne abstrait. Par exemple, la science d'aujourd'hui represente nos plus hauts niveaux d'abstraction. L'erreur a été faite par l'un des premiers vulgarisateurs des travaux de Korzybski, Stuart Chase, dans son livre La Tyrannie des Mots.

Enfin, une erreur que font souvent les débutants en sémantique générale est de croire que les animaux (autres que l'Homme) ne peuvent pas du tout abstraire à des niveaux supérieurs. Nous savons tous comme certains animaux peuvent être malins et il n'y a pas de doute que, pour se comporter comme ils le font, ils doivent utiliser des abstractions d'un certain niveau. Mais ce que nous savons est que ce processus d'abstraction s'arrête quelque part, alors qu'un homme peut potentiellement continuer ce processus d'abstraction indéfiniment, s'arrêtant lorsqu'il le souhaite. Et surtout, un homme peut être conscient d'abstraire.

Aristotélicien (Limites du système)

La première erreur usuelle est de croire que les systèmes non-aristotéliciens, tels que la sémantique générale soient anti-Aristotélicien. Les systèmes non-aristotéliciens ne sont pas plus des anti-systèmes, que les systèmes non-euclidiens et non-newtoniens ne sont anti-euclidien et anti-newtonien. Au contraire, ils incluent les anciens systèmes comme un cas particulier. Ceci signifie que toute conclusion obtenue en utilisant le système aristotélicien peut aussi bien être obtenue en utilisant un système non-aristotélicien. Mais le système non-aristotélicien autorisera plus d'options. Les ordinateurs et leur logique binaire sont parfaitement 'compatibles' avec la sémantique générale, comme avec n'importe quel développement fondé sur la logique Aristotélicienne binaire. Mais la sémantique générale ne nous limitera pas à la logique binaire, permettant des logiques avec un plus grand nombre de possibilités et incluant en fin de compte probabilités et logique floue.

Une deuxième erreur faite par les débutants est de considérer "aristotélicien" comme 'mauvais'. Comme nous l'avons vu ci-dessus, nous savons que tout ce qui peut être considéré comme aristotélicien est aussi non-aristotélicien. En science, nous n'utilisons pas toujours le système le plus moderne pour arriver à une conclusion; nous utilisons parfois un système plus ancien plus facile à appliquer et dont nous savons qu'il donnera un résultat suffisamment correct (rappelez-vous que la surprécision est une erreur d'application de la non-toutité). Par exemple, les lois de Newton sont applicable pour prédire la position de la plupart des planètes, sauf celle de Mercure à cause de sa trop grande vitesse relative.

Conscience d'Abstraire

Il n'y a pas d'erreur vraiment typique à propos de la conscience d'abstraire, surtout parce que ça paraît si mystérieux à la plupart des gens. Une fois intégré le sens du mot "abstraire" en sémantique générale, la conscience d'abstraire n'est pas très difficile à comprendre, verbalement au moins. Ce qui est plus difficile c'est d'acquérir cette conscience d'abstraire aux niveaux non-verbaux. Cela demande quelques années d'entraînement, à l'aide des outils extensionnels, le SD, etc.

Ce que la conscience d'abstraire n'est pas: abstraire consciemment, une sorte de super-pouvoir, une sorte d'introspection, etc.

Différentiel Structurel

Le DS est peut-être l'un des outils qui a donné les plus grands problèmes à la communauté de la sémantique générale. Certains ont voulu l'améliorer, pour entrer dans des contradictions. L'exemple le plus fameux est "l'échelle d'Hayakawa." Cette distorsion du DS détruit complètement une de ses plus importantes caractéristiques, la relation entre les niveaux d'abstractions supérieurs et l'événement, qui prend en compte la conscience d'abstraire. Il objectifie également les niveaux d'abstraction et ne fait pas de différence entre les niveaux de l'événement, objet et les suivants, tous représentés par un échelon.

Un autre modèle, le ZEOS de Bourland, montre une incompréhension du terme "abstraire" et continue en y 'ajoutant' ce qui était inclus à l'origine. Il montre également une incompréhension de ce qu'est le niveau de l'événement et en fait une représentation incorrecte. Korzybski a appelé l'événement "l'objet scientifique," i.e. ce dont la science parle.

De nombreuses erreurs ont été faites à propos de la 'flèche' qui connecte les abstractions d'ordre supérieur avec l'événement, la comparant par exemple à une sorte de "bio-rétroaction" vers les centres inférieurs du cerveau. La réponse correcte se trouve dans Science and Sanity: la science (les plus hautes abstractions d'une époque donnée) parle de ce niveau de l'événement auquel nul n'a d'accès 'direct' (puisque la perception se passe au niveau de l'objet). De plus, la science est le seul moyen par lequel nous pouvons être conscients de l'existence de ce niveau. Donc, Korzybski a agrafé les niveaux d'abstractions supérieurs au niveau de l'événement, ou dessiné une longue flèche qui va du niveau d'abstraction le plus haut au niveau de l'événement.

Une autre gaffe est de confondre le terme "objet" avec un objet physique. Dans le cas du DS, "objet" se refère à une construction à l'intérieur de nos cerveaux à partir de nos perceptions, et non pas à l'objet physique qui serait plutôt représenté sur le DS au niveau de l'événement. Les niveaux du DS partant de l'objet inclus et postérieurs decrivent quelque chose qui se passe à l'intérieur de nos têtes. Le niveau de l'événement, lui, peut être n'importe quoi qui se passe, 'intérieur' et 'extérieur' n'ayant pas de sens à ce niveau. Cette formulation est encore mieux rendue par le poème d'Henri Landier. Une conséquence de cette stratification est qu'une sensation, comme la faim par exemple, est représentée sur le DS au même niveau que n'importe quelle observation d'événements à l'exterieur de notre peau. Autrement dit, "faim" est aussi objectif que "bleu". Ici, nous constatons que le DS ne traite pas différemment ce qui se passe à l'extérieur ou à l'intérieur de notre peau: le DS est un outil non-elementaliste.

Certains ont critiqués le DS parce qu'il ne mentionnait pas les 'idées'. Bien que Korzybski a traité ce problème dans une autre présentation du DS dans son livre Le Role du Langage dans les Processus Perceptuels, il n'y a pas de nécessité à le faire. Mis à part le premier niveau, celui de l'événement, tous les autres peuvent être considérés comme multiples sans aucun changement dans l'utilité du DS. En d'autres mots, il n'est utile, pour notre objectif en sémantique générale (qui n'est pas une neuroscience d'aucune sorte), d'utiliser qu'un seul objet et qu'un nombre limité de niveaux verbaux (habituellement, trois niveaux de ces derniers sont suffisants, tant que nous restons conscients que la suite des niveaux verbaux peut être arbitrairement longue).

Elémentalisme (Non-)

Une des pires bourdes à faire sur le non-élémentalisme est de lui appliquer la toutité: le fait que certains problèmes tels que corps-esprit ne peuvent être traités par des moyens élémentalistes ne signifie pas que toutes les séparations nettes doivent être brouillées ou qu'aucun des différents aspects ne soit légitime. Le problème de l'élémentalisme est analogue à une pièce de monnaie: tout le monde peut voir que la pièce à deux côtés, nommés "pile" et "face". Il est parfaitement légitime de parler de "pile ou face" si vous voulez lancer la pièce pour prendre, par exemple, une décision difficile. Cela devient quelque peu illégitime si quelqu'un vous demande "donnez-moi le côté pile, mais sans le côté face."

"Organisme-comme-un-tout" est une formulation qui n'exclut pas de considérer des parties du corps spécialisées, comme le foie ou les reins, séparément de 'l'esprit', ni de considérer les 'émotions' séparément de la 'pensée,' comme aspects d'un tout. Mais néanmoins, l'influence de 'l'esprit' sur la santé, démontré dans de nombreuses expériences scientifiques (effet placebo, par exemple), ne peuvent être comprises par l'ancien élémentalisme religieux (i.e. 'corps'+'esprit'), exigeant des formulations non-el.

L'analyse, casser un 'grand' problème en morceaux suffisamment petits pour pouvoir les traiter, largement utilisée en mathematiques et puissant outil pour résoudre les problèmes de la vie courante, n'a bien sûr rien à voir avec l'élémentalisme. Par exemple, il n'est pas possible d'analyser l'effet placebo en étudiant ses effets sur 'l'esprit' et ses effets sur 'le corps'. Par contre il est très possible de l'analyser en étudiant le 'corps-esprit'.

L'élémentalisme n'est pas 'mauvais' en soi, de même que le système aristotelicien, les lois de Newton, la géométrie euclidienne ou un fusil ne sont 'mauvais'. Ce qui est 'mauvais' c'est de les utiliser lorsqu'ils ne sont pas appropriés pour résoudre un problème.

Identité (Non-)

Une erreur traditionnelle, que font même certaines personnes entraînées en sémantique générale, est de citer la première premisse comme étant "la carte n'est pas le territoire." Cette proposition est symétrique: si la carte n'est pas le territoire, alors le territoire n'est pas la carte. Comme ce type de relation est pris en compte par le système aristotélicien, il est très difficile de comprendre comment une premisse symétrique comme celle-ci pourrait être la base d'un système non-aristotélicien. La prémisse correcte dit "une carte n'est pas le territoire qu'elle représente". Si la carte représente le territoire, le territoire ne représente pas la carte, une relation asymétrique.

Une deuxième erreur, de débutants cette fois, est de confondre "identifier (sg)" avec "reconnaître (sens courant)." Un bon moyen d'éviter cette erreur est de remplacer "identifier" par "reconnaître" et de voir si votre formulation tient est toujours valide. Bien sûr, la sémantique générale ne préconise pas de ne plus reconnaître les objets familiers pour arriver à la sanité, tout le contraire en fait: ça ressemblerait plutôt à la maladie d'Alzheimer. Pour plus de détails lisez L'Identification, en sémantique générale.

En conséquence de qui vient d'être dit, certains sont tentés de parler de "mauvaise identification" ("identifier (sg)") et de "bonne identification" ("reconnaître"). Une fois que l'on a compris les explications ci-dessus, l'identification (sg) reste comme une caractéristique indésirable et évitable de nos réactions semantiques.

Enfin, certains confondent (identifient) deux sens du mot "projection": l'un consiste à projeter ses croyances à l'extérieur de sa peau, comme pour un paranoïaque, ou de croire que la 'verdeur' se trouve dans les feuilles par exemple (une confusion typique de niveaux d'abstraction, une identification dans le vocabulaire de la sémantique générale), et le second est un mécanisme de survie de notre système nerveux, câblé dès le plus jeune âge, qui reconstruit un espace-temps quadri-dimensionnel à partir de nos perceptions, un mécanisme qui est 'parfaitement normal' même s'il peut avoir des limitations comme par exemple dans le cas des soi-disant illusions d''optique'.

Inférences

L'erreur la plus courante à propos des inférences est de croire que les "observations sont bonnes, les inférences mauvaises." Stuart Chase a fait cette erreur dans sa vulgarisation de la sémantique générale, La Tyrannie des Mots. Comme il est stipulé dans l'introduction de nos tests, "Un jugement sain réclame une distinction soigneuse entre deux types d'idées que nous avons sur le monde extérieur. On les nomme observations et inférences." Ce que nous disons ici est que nous devons faire la distinction entre les deux, et non que l'une est 'bonne et l'autre 'mauvaise'. Une personne ne pourrait survivre ou même éviter très longtemps de faire des inferences d'une manière ou d'une autre. Il est aussi claire que même une observation implique une part d'inférence, au minimum à partir du niveau de l'événement (rappelez-vous qu ce que nous voyons en trois dimensions est une interprétation de deux images 'plates' sur nos rétines). Pour polus d'informations, lisez Tests d'Inférence et SG.

Intensionnel and Extensionnel

L'erreur la plus classique peut être formulée comme "intensionnel c'est mauvais, extensionnel, c'est bon." Comme pour observations et inférences, les deux sont utiles et nécessaires. Il se trouve que, avec le système aristotélicien, nous sommes plus entraînés à l'orientation intensionnelle qu'extensionnelle. La pratique de la sémantique générale et des outils extensionnels permet de contrebalancer cette tendance et nous entraîner plus à une orientation extensionnelle.

Une bourde rare consiste à croire que "intensionnel c'est à l'intérieur de ma tête et extensionnel c'est à l'extérieur," comme si ce qui arrive dans nos têtes était uniquement 'abstrait.' Bien sur, ça ne l'est pas et nous avons une imagerie vivante TEP pour le prouver. Ces erreurs ont été faites dans un livre mentionné dans la bibliographie.

Multiordinalité

La pire erreur que l'on puisse faire à propos de la multiordinalité est de la confondre avec la polysémie. Si c'était le cas, ce nouveau terme ne serait pas très utile. Et pourtant, un professeur de Philosophy, Joseph D. Foster, a commis cette bourde. La plupart des mots ont plus d'une définition, comme on peut s'en rendre compte en lisant un dictionnaire. Mais lorsque nous parlons d'un terme multiordinal, nous ne considérons qu'une seule de ces définitions du dictionnaire pour ce terme, que nous appliquons à tous les niveaux. Sa signification doit changer pour nous avec le niveau et non avec la définition dans le dictionnaire. Par exemple, si quelqu'un déteste le chocolat parce qu'il ne trouve pas ça bon et qu'un autre déteste le chocolat parce que ça le fait grossir, le mot "détester" ne signifie pas la même chose bien que la définition des deux pourrait être 'identique' ("déplaire fortement"). Ce sont des exemples du 'même' terme appliqué à deux niveaux différents. Considérant ce processus, il paraît évident qu'il ne peut pas s'appliquer à des noms communs d'objets ("table", "chaise", "ordinateur", "chien") et, en conséquence, ceux-ci ne peuvent être multiordinaux. Un terme multiordinal est, par nécessité opérationnelle, abstrait.

Réaction Retardée

La plupart des erreurs consistent à confondre réaction retardée avec des conseils traditionnels du type "pensez-y à deux fois", "tournez la langue sept fois dans votre bouche", etc. C'est assez drôle puisque même des animaux ont des réactions retardées, alors qu'ils seraient incapables d'apprendre à "tourner leur langue." Un chat qui ne bondirait pas de loin pour essayer d'attraper un oiseau, mais qui se baisserait et avancerait doucement jusqu'à arriver à portée, aurait retardé avec succès sa réaction instinctive à la vue de l'oiseau.

Un autre exemple frappant nous vient d'une expérience scientifique récente sur les jeux de hasard. L'étude suggérait que dans de nombreuses situations, notre cerveau sautait sur une conclusion. Ceci montre l'incapacité du thalamus seul (et dans ce cas précis du cortex anterieur cingulate) à évaluer correctement la situation. Bien sûr, un retard dans la réaction peut aider le cortex à faire un meilleur calcul et, par rétroaction, corriger l'evaluation incorrecte.

Sémantique Générale vs. Scientologie

Des personnes ont parfois présenté la sémantique générale et la Scientologie comme étant 'similaires'. La plupart de ceux qui avancent ces sornettes se fondent sur le fait que l'écrivain de science-fiction A. E. Van Vogt a fait du 'prosélytisme' pour les deux disciplines. Certains prétendent même que la sémantique générale et la Scientologie "partagent de nombreuses prémisses" bien qu'aucun d'entre eux n'ait jamais, à notre connaissance, présenté une seule de celles-ci.

Voici un tableau avec quelques-unes des très nombreuses différences:

Scientologie Sémantique Générale
fondée sur la foi, en tant que 'religion' fondée sur la science moderne, encourage 'l'esprit critique' (extensionalité)
fondée sur une séparation corps et esprit élémentaliste previent l'élémentalisme
Tendance à dissocier la 'personnalité' 'Personnalité' intégrée
Ordre d'évaluation inversé pathologiquement Ordre naturel d'évaluation
Encourageant la non-sanité Encourageant la sanité
Ajustant les faits empiriques aux modèles verbaux Ajustant les modèles verbaux aux faits empiriques
Non-similitude de structure entre langage et faits Similitude de structure entre langage et faits
affaires lucratives strictement sans but lucratif, en ce qui concerne les organisations officielles
opposée à la psychiatrie et la psycho-thérapie fondée sur la psycho-thérapie (Korzybski a étudié les malades 'mentaux' pendant deux ans dans un hôpital psychiatrique avant de publier Science and Sanity)
fondée sur le système aristotélicien dont elle utilise sans merci les prémisses d'identité et de toutité fondée sur les prémisses de non-identité et de non-toutité
remplie de fantaisies science-fictionesques provenant de l'imagination délirante (ou des cauchemars) de Lafayette Ron Hubbard fondée sur des données scientifiques connues
Lafayette Ron Hubbard n'avait aucun bagage scientifique et prétendait être un savant atomiste Korzybski avait officiellement un diplôme d'ingénieur chimiste

Etc.

Une autre erreur, très rare, consiste à croire que la sémantique générale est une sorte de 'rigueur sémantique' ou pire, une 'rigueur orthographique'. Une erreur de grammaire ou d'orthographe est vue comme une preuve de non-respect de la discipline. Evidemment, la sémantique générale n'a que peu de chose à voir avec la sémantique et encore moins avec l'orthographe.

Termes Non-définis

La plupart des gens, habitués à utiliser des dictionnaires, sont convaincus qu'il est possible de définir circulairement. Ceci est une erreur de Définition Circulaire, connue même en 'logique' aristotélicienne. Cela apparaît lorsque vous essayez, par exemple, d'expliquer le verbe "commercer" à un étranger. Pour le définir vous utilisez le verbe "négocier" que notre étranger ne connaît pas non plus. Puis, vous continuez en expliquant "négocier" avec "commercer". Croyez-vous que notre étranger comprendra aucun de ces deux mots après ça ? On peut également essayer d'expliquer la "couleur blanche" à un aveugle de naissance. Il est parfaitement impossible d'apprendre une langue à partir de zéro en utilisant seulement des définitions, comme le savent tous les parents qui ont eu à pointer du doigt silencieusement des objets/images pour leurs enfants. Il faut d'abord connaître quelques mots de base, qui n'ont pas besoin de définition, que nous comprenons d'une façon ou d'une autre mais ne pouvons définir à un instant donné, les termes non-définis. Ces termes non-définis varient au cours de la vie d'une personne, principalement à travers l'éducation, dans un sens très général. Une conjecture faite par Korzybski à propos de ces termes est qu'ils sont tous multiordinaux (l'inverse n'étant pas vrai, i.e. un terme multiordinal peut ne pas être non-défini).

Time-Binding

Certains débutants en sémantique générale croient que le time-binding est une caractéristique individuelle de l'Homme. En fait, cette capacité n'appartient pas à une personne seule. La définition du time-binding elle-même implique une communication entre au moins deux individus, donc elle ne peut pas s'appliquer à une personne seule, coupée de ses environnements humains. Nous pouvons parler de la température d'un objet mais pas de la température des atomes qui le constituent. Les fonctions du cerveau utilisées pour le time-binding sont connues: memoire, langage, facultés 'logiques', habileté manuelle, etc.

La plus terrible des déformations de la formulation korzybskienne du time-binding est de dire que le time-binding est équivalent à l'origine religieuse 'semi-divine' de l'Homme dans les religions monothéistes. Premièrement, pour la raison ci-dessus (le time-binding s'applique à un groupe humain et non pas à un individu), et deuxièmement parce que le time-binding n'est pas une affaire additive: l'Homme n'est pas "un animal + time-binding". Comme l'a dit Darwin, "la différence en intelligence entre l'homme et les animaux supérieurs, si grande soit-elle, n'est qu'une question de degré et pas de genre."

Certains sont tentés de rendre les différences entre time-binders et space-binders plus floues en mentionnant les nombreuses expériences avec les space-binders qui peuvent utiliser le langage jusqu'à un certain point (comme les dauphins, les orques, les gorilles, chimpanzés et même les perroquets), qui peuvent apprendre à comuniquer avec les humains jusqu'à un certain point, etc. Si l'on considère que, laissés à eux-mêmes, la connaissance qu'ils ont acquise avec les humains serait vite perdue, leur taux de progrès (directement liée à la capacité de time-binding) est infinitésimale comparée à celle des humains. De sorte qu'elle peut être totalement négligée dans les circonstances courantes. Ceci ne justifie en aucune façon de traiter les space-binders d'une façon inhumaine, bien sûr, plutôt le contraire puisqu'ils font partie de notre environnement.

Enfin, le time-binding ce n'est pas 'être gentil' avec les gens malgré ce que certains, qui présentent la sémantique générale comme une sorte de psychothérapie 'aide-toi toi-même', ont l'air de croire. Mais de toutes façons, 'être gentil' a rarement fait de mal dans des circonstances normales, n'est-ce pas ?

Toutité (Non-)

Lorsque nous réalisons que nous ne serons jamais capables de tout dire à propos de quoi que ce soit, première étape pour éliminer l'identification de notre système d'evaluation, cette évaluation peut conduire à la fausse impression que nous ne savons plus ce que 'sont' les choses, alors qu'elle signifie seulement que nous ne pouvons pas dire ce qu'elles sont. Cette impression est fausse car nous n'avons pas besoin de mots pour savoir ce que les choses 'sont', et certains termes sont mêmes non-définis, c'est-à-dire que nous savons ce qu'ils signifient mais que nous ne pouvons pas les définir en termes plus simples, à un instant donné (i.e. comme le nombre de mots d'un dictionnaire est fini, il y a un moment ou aucun terme plus simple ne reste, étant donné qu'une définition circulaire ne permet pas d'expliquer les significations d'un terme).

Sur la base de cette erreur, certains ont critiqués la non-toutité en tant que principe général, en croyant qu'il était auto-contradictoire et qu'il impliquait une surprécision que nous serions incapables d'atteindre. C'est le contraire, en fait: en appliquant la non-toutité, nous savons qu'une tentative de tout dire à propos de quoi que ce soit est vouée à l'échec, donc nous devons nous souvenir que nous n'avons pas tout dit et nous cessons ainsi d'essayer d'atteindre une impossible surprécision. Cette erreur est souvent faite par les lecteurs négligents qui confondent "sémantique générale" avec "sémantique" et ceux qui croient que la sémantique générale parle seulement de communication 'claire', tombant ainsi dans le piège de la toutité que nous sommes supposés éviter. Une certaine 'clarté' dans certains aspects de la communication est certainement recommendable, mais certainement inutile dans d'autres (poésie, langage amoureux, etc.). Rappelons-nous que la sémantique générale en tant que système général s'applique à 'toutes' les activités humaines, ainsi que le faisait l'ancien système aristotélicien.

Une autre erreur tirée par les cheveux, faite par les tenants du 'postmodernisme', est de comparer la non-toutité au Théorème d'Incomplétude de Gödel's et/ou au Principe d'Incertitude d'Heisenberg. Ceux qui utilisent ces théorèmes comme 'confirmant' la sémantique générale ne peuvent habituellement même pas les citer correctement. Ces théorèmes on des applications limitées et ne fonctionnent que dans un contexte précis. Les sortir de ce contexte et prétendre qu'il peuvent être appliqués dans la vie courante est une bourde du genre de celles dénoncées dans le livre de Sokal et Bricmont Impostures Intellectuelles.