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Time-Binding
"Concern for man and his fate must always form the chief interest of all technical endeavors … Never forget this in the midst of your diagrams and equations."
— Albert Einstein, quoted in “Science and Values” London Times 1 Jul 85.

"Whether this be true or not, all authorities agree that man is the tool-using animal. It sets him off from the rest of the animal kingdom as drastically as does speech."
— Stuart Chase, Men and Machines, ch. 2, Macmillan (1929).

"Ceux qui ignorent l'histoire sont condamnés à la répéter."
— George Santayana, The Life of Reason (1905-1906)

"Struggle is the father of all things.... It is not by the principles of humanity that man lives or is able to preserve himself above the animal world, but solely by means of the most brutal struggle."
— Adolf Hitler, speech, Feb. 5, 1928, Kulmbach, Germany. Quoted in Alan Bullock, Hitler, a Study in Tyranny, ch. 1, sct. 3 (1962).
[Note: quoted here to show how much Nazism and general semantics are antagonistic, the former being clearly animalistic.]

"Man differs from the lower animals because he preserves his past experiences. What happened in the past is lived again in memory. About what goes on today hangs a cloud of thoughts concerning similar things undergone in bygone days. With the animals, an experience perishes as it happens, and each new doing or suffering stands alone. But man lives in a world where each occurrence is charged with echoes and reminiscences of what has gone before, where each event is a reminder of other things. Hence he lives not, like the beasts of the field, in a world of merely physical things but in a world of signs and symbols. A stone is not merely hard, a thing into which one bumps; but it is a monument of a deceased ancestor. A flame is not merely something which warms or burns, but is a symbol of the enduring life of the household, of the abiding source of cheer, nourishment and shelter to which man returns from his casual wanderings."
— John Dewey, Reconstruction in Philosophy, ch. 1, Holt (1920).

"Parmi les animaux, les symboles sont transmis par tradition de génération en génération, et c'est là, si on le souhaite, que l'on peut tracer la frontière entre l'“animal” et l'Homme. Chez les animaux, l'expérience individuelle acquise est parfois transmise par enseignement et apprentissage, d'un ancien à un jeune, bien qu'une telle tradition ne se voit que pour les formes de vie dont les capacités d'apprentissage se combinent avec un grand développement de la vie sociale. Cette vraie tradition a été mise en évidence chez les choucas, les oies cendrées et les rats. Mais la conaissance transmise de cette façon est limitée à des choses très simples, comme trouver un chemin, reconnaître certains aliments et les ennemis de l'espèce, et—chez les rats—connaissance du danger des poisons. Néanmoins, aucun moyen de communication, aucun rituel appris n'est transmis par tradition chez les animaux. Autrement dit, les animaux n'ont pas de culture."
— Konrad Lorenz, “Habit, Ritual, and Magic,” On Aggression, trans. by Marjorie K. Wilson, Harcourt Brace (1966).

"Qu'est-il donc arrivé à cette théorie dont vous êtes tombés amooureux dans votre jeunesse ? Eh bien, je dirais qu'elle est devenue une vieille dame qui n'a plus beaucoup de charmes et qui ne ferait plus battre le coeur des jeunes d'aujourd'hui qui la regarderaient. Mais on peut en dire ce qu'il y a de meilleur pour une vieille dame, qu'elle a été une très bonne mère et qu'elle a eu beaucoup d'enfants."
— Richard Feynman, Discours de réception du prix Nobel: The development of the space-time view of quantum electrodynamics, 1965

"L'Homme est l'Animal Religieux. C'est le seul Animal Religieux. C'est le seul animal qui ait la Vraie Religion—plusieurs d'entre elles."
— Mark Twain, “La place de l'Homme dans le monde animal,” p. 211, Mark Twain: Collected Tales, Sketches, Speeches, & Essays, 1891-1910, Library of America (1992).

"L'Homme est un animal sans ailes, avec deux pieds et des ongles plats."
— Plato, Définitions, 415 A.

"Si j'ai vu plus loin que d'autres, c'est parce que je suis monté sur les épaules de géants."
— Isaac Newton, dans une lettre à son collègue Robert Hooke, Février 1676.

"En science, nous avons l'exceptionnel privilège d'être assis à côté des géants sur les épaules desquels nous sommes montés."
— Gerald Holton

"L'Homme est le seul animal qui evalue sa richesse proportionnellement au nombre et à la voracité de ses parasites."
— George Bernard Shaw, “Maxims for Revolutionists: Servants,” Man and Superman (1903).

"Néanmoins, la différence intellectuelle entre l'Homme et les animaux supérieurs, si grande soit-elle, n'est qu'une question de degré et non de genre."
— Charles Darwin, Descent of Man (1871).


Korzybski formulait dès 1921, dans Manhood of Humanity, une différence fondamentale entre l'homme et les animaux. Ceci consitua le début de ses recherches.

Il est courant de dire "L'Homme est un animal". Nous remarquons que cette phrase comporte le fameux 'est' d'identité. Nous identifions l'homme (Durand1, Dupond4, Martin2, etc.) avec un animal, et par ce fait, nous négligeons les différences. Pour renverser cette tendance, citons quelques-unes de ces différences:

Tout cela distingue très nettement l'Homme de l'animal, sans s'appuyer sur aucune notion 'religieuse'. Nous ne pouvions donc plus tenir ce langage d'identification.

Constatant cela, Korzybski bâtit un langage fonctionnel pour classifier les êtres vivants:

  1. Energy-binding: capacité d'utiliser et de transformer l'énergie (par exemple, photosynthèse, nourriture),
  2. Space-binding: capacité d'utiliser l' "espace" (pour se déplacer),
  3. Time-binding: capacité d'utiliser le "temps" (l'acquis d'une génération peut être transmis à la suivante).
Si nous pouvons classer les plantes dans la catégorie des "energy-binders" et les animaux dans la catégorie des "space-binders", nous constatons que l'homme se retrouve seul dans la catégorie des "time-binders".

De cette caractérisation, on peut déduire que la capacité d'utiliser les symboles, facteur essentiel du "time-binding", doit être étudiée de près, en particulier dans les plus efficaces des activités symboliques, à savoir les sciences, en tant que comportement spécifique des hommes.

Cette recherche aboutit dix ans plus tard, en 1933, à Science et Sanité.

 Erreurs typiques sur le Time-Binding 

Certains débutants en sémantique générale croient que le time-binding est une caractéristique individuelle de l'Homme. En fait, cette capacité n'appartient pas à une personne seule. La définition du time-binding elle-même implique une communication entre au moins deux individus, donc elle ne peut pas s'appliquer à une personne seule, coupée de ses environnements humains. Nous pouvons parler de la température d'un objet mais pas de la température des atomes qui le constituent. Les fonctions du cerveau utilisées pour le time-binding sont connues: memoire, langage, facultés 'logiques', habileté manuelle, etc.

La plus terrible des déformations de la formulation korzybskienne du time-binding est de dire que le time-binding est équivalent à l'origine religieuse 'semi-divine' de l'Homme dans les religions monothéistes. Premièrement, pour la raison ci-dessus (le time-binding s'applique à un groupe humain et non pas à un individu), et deuxièmement parce que le time-binding n'est pas une affaire additive: l'Homme n'est pas "un animal + time-binding". Comme l'a dit Darwin, "la différence en intelligence entre l'homme et les animaux supérieurs, si grande soit-elle, n'est qu'une question de degré et pas de genre."

Certains sont tentés de rendre les différences entre time-binders et space-binders plus floues en mentionnant les nombreuses expériences avec les space-binders qui peuvent utiliser le langage jusqu'à un certain point (comme les dauphins, les orques, les gorilles, chimpanzés et même les perroquets), qui peuvent apprendre à comuniquer avec les humains jusqu'à un certain point, etc. Si l'on considère que, laissés à eux-mêmes, la connaissance qu'ils ont acquise avec les humains serait vite perdue, leur taux de progrès (directement liée à la capacité de time-binding) est infinitésimale comparée à celle des humains. De sorte qu'elle peut être totalement négligée dans les circonstances courantes. Ceci ne justifie en aucune façon de traiter les space-binders d'une façon inhumaine, bien sûr, plutôt le contraire puisqu'ils font partie de notre environnement.

Enfin, le time-binding ce n'est pas 'être gentil' avec les gens malgré ce que certains, qui présentent la sémantique générale comme une sorte de psychothérapie 'aide-toi toi-même', ont l'air de croire. Mais de toutes façons, 'être gentil' a rarement fait de mal dans des circonstances normales, n'est-ce pas ?


© ESGS, 2002.