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Le Différentiel Structurel
"Whereof one cannot speak, thereof one must be silent."
— Ludwig Wittgenstein, Tractatus Logico-Philosophicus, sct. 7 (1922).

"The logic of the world is prior to all truth and falsehood."
— Ludwig Wittgenstein, Notebooks 1914-1916, entry for October 18, 1914, ed. Anscombe (1961).

"By “object” is meant some element in the complex whole that is defined in abstraction from the whole of which it is a distinction."
— John Dewey, On Experience, Nature and Freedom.

"Une hallucination est un fait, pas une erreur; ce qui est erroné, c'est un jugement qui fondé dessus."
— Bertrand Russell, repr. In Logic and Knowledge (1956). “On the Nature of Acquaintance: Neutral Monism,” (1914).

"Qu'est-ce que le 'réel' ? Quelle est ta définition du réel ? Si tu veux parler de ce que tu peux toucher, de ce que tu peux goûter, de ce que tu peux voir et sentir, alors le 'réel' n'est seulement qu'un signal électrique interprété par ton cerveau."
— Morpheus (Laurence Fishburne), dans le film "Matrix" des frères Wachowski .

"Malheureusement, si tu veux découvrir ce qu'est la Matrice, tu devras l'explorer toi-même."
— Morpheus (Laurence Fishburne), dans le film "Matrix" des frères Wachowski .

"It is impossible to step into the same river twice."
— Heraclitus, (from Plutarch).


Le diagramme du Différentiel Structurel, créé par Korzybski, permet

Il présente donc de manière visuelle, objective, des formulations négatives, les rendant ainsi utilisables.

Le diagramme suivant est extrait de Science and Sanity (p.398) et est reproduit ici avec la permission de l'IGS.

Evénement
Sur ce diagramme, l'événement est représenté par la parabole E, interrompue par une ligne en 'zig-zag' pour rappeler qu'elle s'étend indéfiniment. Ses caracteristiques, en nombre infini, sont partiellement representées par les trous de la parabole E.

Objet
Les objets sont représenté par les cercles Oh et Oa.
Une différence structurelle entre ces deux objets apparaît: Oh est relié par les fils Ai aux caractéristiques de l'événement, alors que Oa ne l'est pas. Ceci exprime que l'animal ne comprend pas, ne peut pas comprendre, que son objet est une abstraction de l'événement, parce que la seule manière de le comprendre nous est fournie par la science. Pour lui, l'événement n'existe pas.
Les trous de l'objets représentent ses caractéristiques, en nombre important mais fini. Les fils Ai allant de l'événement à E l'objet Oh symbolisent les caractéristiques perçues. Les fils Bi représentent les caractéristiques non perçues.
Certains trous de l'objet ne correspondent pas à une caractéristique de l'événement, indiquant que ceux-ci sont rajoutés par nos processus de perception.

Label
Le niveau suivant d'abstraction, représenté par le rectangle L, commence les niveaux verbaux, le premier d'une série potentiellement infinie pour l'homme. Ce niveau est descriptif: il nomme les caractéristiques de l'objet. De même que pour le niveau précédent, les lignes Ai les relient. Des lignes Bi sont ignorées et des trous sont rajoutés.

Abstractions de niveaux supérieurs
La série de rectangles successifs est bâtie sur ce principe pour arriver aux plus hautes abstractions disponibles, à un instant donné. Ces plus hautes abstractions, lorsqu'elles sont fournies par les théories scientifiques récentes, représentent le plus fiablement possible, à un instant donné, les caractéristiques de l'événement. Aussi, le dernier rectangle, Ln, est-il rattaché à la parabole E.

 Erreurs typiques sur le Différentiel Structurel 

Le DS est peut-être l'un des outils qui a donné les plus grands problèmes à la communauté de la sémantique générale. Certains ont voulu l'améliorer, pour entrer dans des contradictions. L'exemple le plus fameux est "l'échelle d'Hayakawa." Cette distorsion du DS détruit complètement une de ses plus importantes caractéristiques, la relation entre les niveaux d'abstractions supérieurs et l'événement, qui prend en compte la conscience d'abstraire. Il objectifie également les niveaux d'abstraction et ne fait pas de différence entre les niveaux de l'événement, objet et les suivants, tous représentés par un échelon.

Un autre modèle, le ZEOS de Bourland, montre une incompréhension du terme "abstraire" et continue en y 'ajoutant' ce qui était inclus à l'origine. Il montre également une incompréhension de ce qu'est le niveau de l'événement et en fait une représentation incorrecte. Korzybski a appelé l'événement "l'objet scientifique," i.e. ce dont la science parle.

De nombreuses erreurs ont été faites à propos de la 'flèche' qui connecte les abstractions d'ordre supérieur avec l'événement, la comparant par exemple à une sorte de "bio-rétroaction" vers les centres inférieurs du cerveau. La réponse correcte se trouve dans Science and Sanity: la science (les plus hautes abstractions d'une époque donnée) parle de ce niveau de l'événement auquel nul n'a d'accès 'direct' (puisque la perception se passe au niveau de l'objet). De plus, la science est le seul moyen par lequel nous pouvons être conscients de l'existence de ce niveau. Donc, Korzybski a agrafé les niveaux d'abstractions supérieurs au niveau de l'événement, ou dessiné une longue flèche qui va du niveau d'abstraction le plus haut au niveau de l'événement.

Une autre gaffe est de confondre le terme "objet" avec un objet physique. Dans le cas du DS, "objet" se refère à une construction à l'intérieur de nos cerveaux à partir de nos perceptions, et non pas à l'objet physique qui serait plutôt représenté sur le DS au niveau de l'événement. Les niveaux du DS partant de l'objet inclus et postérieurs decrivent quelque chose qui se passe à l'intérieur de nos têtes. Le niveau de l'événement, lui, peut être n'importe quoi qui se passe, 'intérieur' et 'extérieur' n'ayant pas de sens à ce niveau. Cette formulation est encore mieux rendue par le poème d'Henri Landier. Une conséquence de cette stratification est qu'une sensation, comme la faim par exemple, est représentée sur le DS au même niveau que n'importe quelle observation d'événements à l'exterieur de notre peau. Autrement dit, "faim" est aussi objectif que "bleu". Ici, nous constatons que le DS ne traite pas différemment ce qui se passe à l'extérieur ou à l'intérieur de notre peau: le DS est un outil non-elementaliste.

Certains ont critiqués le DS parce qu'il ne mentionnait pas les 'idées'. Bien que Korzybski a traité ce problème dans une autre présentation du DS dans son livre Le Role du Langage dans les Processus Perceptuels, il n'y a pas de nécessité à le faire. Mis à part le premier niveau, celui de l'événement, tous les autres peuvent être considérés comme multiples sans aucun changement dans l'utilité du DS. En d'autres mots, il n'est utile, pour notre objectif en sémantique générale (qui n'est pas une neuroscience d'aucune sorte), d'utiliser qu'un seul objet et qu'un nombre limité de niveaux verbaux (habituellement, trois niveaux de ces derniers sont suffisants, tant que nous restons conscients que la suite des niveaux verbaux peut être arbitrairement longue).


© ESGS, 2002.