Sémantique Générale vs. Scientologie


José Klingbeil

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I - Les liens de premier niveau

1 - Alfred E. Van Vogt

Beaucoup de ceux qui se sont intéressés à la sémantique générale y ont été attirés après la lecture de la série des Non-A d'A. E. Van Vogt (AEVV). Ces romans ont eu un tel impact sur leurs lecteurs que la sémantique générale est rapidement devenue une mode parmi les écrivains de science-fiction et leurs fans, durant les années 50 du siècle dernier. A cette époque, les mouvements anti-scientifiques n'étaient pas aussi forts qu'aujourd'hui et le 'progrès scientifique' était positivement connoté, d'un point de vue émotionnel.

Puis, AEVV s'est intéressé à une autre discipline, la Dianétique, inventée par un de ses collègues, Lafayette Ronald Hubbard (LRH). La Dianétique a évolué ensuite, principalement pour des raisons financières, pour devenir l'Eglise de Scientologie.

Nous avons donc un premier lien entre la sémantique générale et la Scientologie: elles ont toutes deux fait l'objet de l'intérêt d'AEVV. Ce lien, il faut l'admettre est faible: après tout, AEVV n'était pas un scientifique et il ne pouvait donc pas faire facilement la différence entre une discipline scientifique (la sémantique générale) et une pseudoscience (la Dianétique). Comme l'écrit Eric S. Raymond (ESR):

"La série des Non-A, qui n'utilisait la SG que de façon superficielle, a entraîné les adhérents naïfs à croire que la SG leur promettait de transformer l'Homme en SUPERMAN, en lui enseignant simplement les techniques de pensée non-aristotéliciennes (Non-A)."
— Eric Steven Raymond, from Commentaires sur l'Encyclopédie de SF.

2 - Lafayette Ronald Hubbard

A l'époque de son premier livre, LRH reconnaissait l'influence de certains des travaux qui l'avaient influencé. Il y a effectivement une référence à Korzybski (AK) dans son livre. Dans ses ouvrages ultérieurs, LRH n'a plus reconnu m'influence de qui que ce soit pour ses 'idées'. Comme l'écrit ESR, "La partie SG fut totalement mise au rebut de la Scientologie à partir de 1960;" pour autant que cette partie ait jamais existé.

Nous avons donc un deuxième lien entre la sémantique générale et laScientologie: LRH a prétendu que ses travaux se sont partiellement inspirés de la sémantique générale. Reconnaissons aussi qu'il s'agit là d'un lien faible, parce que n'importe qui peut dire, "Mes travaux se fondent sur la science," et c'est ce que font toutes les cultes pseudoscientifiques. Cette revendication doit être évaluée extensionnellement avant d'être acceptée. Cette évaluation extensionnelle est faite dans la suite de ce document.

3 - Martin Gardner

Martin Gardner a fourni un autre lien dans son livre In the Name of Science (New York, Putnam 1953) où il fustige à la fois la sémantique générale et la Dianétique, mais pour des raisons tout à fait différentes. Voici le lien que mentionne Gardner:
"Le converti le plus important des médecins à la Dianétique était le Dr. Joseph Augustus Winter. C'était un médecin généraliste de St. Joe, Michigan, lorsque John Campbell, Jr. lui a présenté Hubbard en 1949, par correspondance. Winter avait précédemment été intéressé par les méthodes de traitement des névrosés du Comte par l'enseignement de la sémantique générale, et comme de nombreux autres membres du mouvement sémantique, il avait trouvé la Dianétique encore plus fascinante."
— Martin Gardner, Iin the Name of Science, Putnam, New York, 1952.

Je suis curieux de savoir combien sont ces "nombreux autres membres du mouvement sémantique" mais comme il y a peu de chance que Gardner réponde, je me contenterais de remarque que Winter avait au mieux trois ans d'entraînement à la sémantique générale lorsqu'il s'est 'converti' à la Dianétique, ce qui signifie très peu pour une telle discipline. Au pire, le lien de Gardner's est un mauvais raisonnement post hoc, combiné à une insinuation (qui suggèrerait par exemple que la sémantique générale est une pseudoscience 'parce que' quelques-uns se sont 'convertis' de l'une à l'autre). Comme nous le verrons plus loin, les prémisses de la sémantique générale sont parfaitement incompatibles avec celles de la Dianétique/Scientologie.

4 - Samuel Ichiye Hayakawa

Enfin, nous avons le point de vue des officiels de la sémantique générale eux-mêmes. AK a-t-il jamais reconnu un lien entre la sémantique générale et la Dianétique (étant mort en 1950, il n'a pas pu évaluer la Scientologie, le rejeton de la Dianétique)? Pas de trace de ça nulle part dans les archive de l'Institut de Sémantique Générale. Au contraire, un membre éminent de la Société Internationale de Sémantique Générale et ex-sénateur des Etats Unis, Samuel I. Hayakawa, voyait la Dianétique de façon plutôt négative:

"Le charme trompeur du vocabulaire pseudoscientifique et les promesses de la Dianétique ne peuvent que condamner les millers de personnes qui sortent à peine de l'ignorance scientifique à la perpétuation de leur sensibilité à la magie des mots et au gâchis sémantique."
— S. I. Hayakawa, "Dianétique: De la Science-fiction à la Science Fictive," pp.280-293, Etc: A Review of General Semantics vol 8:4 (1951).
Ce lien est fort et négatif, en ce qu'un responsable de la sémantique générale ne reconnait pas de similitude entre les deux disciplines. C'est même le contraire, en fait: la Dianétique est dénoncée, par l'un des dirigeants d'une organisation de sémantique générale, comme une pseudoscience, ceci un an avant que Gardner le fasse en 1952.

II - Les liens de deuxième niveau

Après quelques recherches sur Internet, il semberait que 'toutes' les opinions qui relient la sémantique générale et la Scientologie soient fondées sur les liens précédents. Autrement dit ils sont en quelque sorte des liens de second (ou troisième, etc.) niveau, fondés sur les liens de premier niveau ci-dessus. Voici quelques unes des références les plus connues.

Jon Atack

Etant lui même un ex-membre de l'Eglise de Scientologie, Jon Atack à une documentation très fournie sur ce culte:
"Cette notion que l'esprit [réactif] pense en identités vient de la sémantique générale de Korzybski. Au début, avant de décider qu'il était la seule source de la Dianétique et de la Scientologie (3), Hubbard reconnaissait sa dette envers ces penseurs (4)."
— Jon Atack, from Hubbard et l'Occulte.
Ici, Jon Atack répète, par ouï-dire, ce qu'il a lu de LRH, n'ayant probablement aucune connaissance directe de la sémantique générale. Cette formulation d'"esprit réactif" n'existe pas en sémantique générale et AK n'aurait jamais utilisé le terme élémentaliste "penser" ou "esprit" sans guillemets. Mon hypothèse est que LRH a 'reconnu' sa dette juste histoire d'attirer ceux qui ont été attirés par la sémantique générale, comme AEVV. Jon Atack dit que LRH a ensuite laissé tomber ces prétentions, ce qui confirme l'affirmation d'ESR disant que "La partie SG fut totalement mise au rebut de la Scientologie à partir de 1960;". Là encore, pour autant que celle-ci ait jamas existé, puisque cette prétention reste pour le moment infondée. Néanmoins, Jon Atack fait plusieurs affirmations de cette sorte dans ses publications:
"Hubbard s'est aussi inspiré de la sémantique générale de Korzybski"
— Jon Atack, from Hubbard et l'Hypnose.
Là encore, aucune justification n'est apportée. Jon Atack répète du ouï-dire.
"Néanmoins, Hubbard a également nié les théories de Freud: "En fait les seuls vrais remerciements pour la Dianétique iraient à Breuer pour ses premières théories au sujet de la catharsis mentale et à Korzybski, parce que la sémantique générale et Breuer ont tous deux fourni des données. Sigmund Freud n'y est pas ... Mais Breuer avait parfaitement raison. C'était la théorie de Breuer qui disait que le rappel total équivalait à la sanité totale ... On est passé de Spencer à Breuer, puis à Korzybski et enfin à la Dianétique. (32). [Research and Discovery, vol.1, p.440-441]"
— Jon Atack, from Les Origines Possibles de la Dianétique et de la Scientologie.
Là encore, Jon Atack cite LRH, qui reconnaît encore sa dette à AK pour quelque chose qu'il ne mentionne pas. Comme nous l'avons vu, le soi-disant "esprit réactif" n'est certainement pas une formulation empruntée à la sémantique générale.
"Hubbard a ajouté la théorie de l'identification de Korzybski à la thérapie Freudienne (l' "esprit réactif" pense en identités, l' "esprit analytique" en similitudes et différences. Hubbard attribue ceci à Korzybski in Scientology 8-8008, on p.44), et les notions de mémoire de naissance et prénatales."
— Jon Atack, from Les Origines Possibles de la Dianétique et de la Scientologie.
Rien de ce qui est dit dans cette citation ne peut avoir sa source dans la sémantique générale. "Identification" est un terme technique de sg, mais la "théorie de l'identification" de AK, si tant est qu'une telle chose ait jamais existé, ne parle pas d'"esprit réactif," d'"esprit analytique," etc. Jon Atack se contente de répéter ce que prétend LRH.
"La notion de mot mal compris vient de Korzybski: "La sémantique générale a servi pour la Dianétique. J'ai commencé à rechercher la première fois qu'un mot est apparu ... Il y a pu y avoir de mauvaises définitions ... La sémantique générale peut vraiment servir pour la définition d'un mot. (54). [R&D vol1, p.440]"
— Jon Atack, from Les Origines Possibles de la Dianétique et de la Scientologie.
Là encore, rien de ce qui est dit dans cette citation ne peut raisonablement venir de la sémantique générale. Au mieux, ceci pourrait provenir d'une théorie sémantique. Jon Atack ne fait que répéter les affirmations de LRH.

Cyril Volper

"Les vingt-quatre Logiques sont des adaptations de la "sémantique générale" d'Alfred Korzybski et contuennent un curieux mélange de logique aristotélicienne et de ce que Korzybski appelait logique "non-aristotélicienne." Hubbard semble avoir lu les 800 pages du "Science and Sanity" de Korzybski et d'en avoir pris les "Faits Logiques" les plus radicaux et simplifiés. Un facteur important de la Scientologie, qui lui donne cette apparence technique, est cet aspect relativiste provenant directement de la "sémantique générale" et que Hubbard appelle "Echelle des Degrés". Dans l'Echelle des Degrés de Hubbard des valeurs arbitraires sont attribuées à des caractéristiques humaines en relation, comme on peut le voir dans le court exemple de la Gamme Tonale donné dans le dernier chapitre."
— Cyril Volper, from The Mind Benders, Scientologie - Chapter 2.
Comme pour les affirmations de Jon Atack, et bien que ce soit présenté comme factuel, rien de ce qui est exprimé dans la citation précédente ne peut raisonnablement être attribué à la sémantique générale. Pour AK, la logique non-aristotélicienne était la logique infini-valente des probabilités, qui inclus comme cas particuler la logique binaire. Le relativisme d'AK consistait à affirmer que deux individus voient le 'même' événement de façon différente, et ne parle jamais d' "Echelle des Degrés."
"La théorie de la logique de Korzybski dit que la pensée arrive à des conclusions incorrectes en considérant qu'il n'y a qu'une alternative Noir ou Blanc, Bon ou Mauvais, Vrai ou Faux (prétendument aristotélicienne!) et il propose une théorie du traitement sémantique qiu indiquerait précisément le niveau de gris, le degré de bon ou mauvais, de véracité ou fausseté."
— Cyril Volper, from The Mind Benders, Scientologie - Chapter 2.
Là encore, si la logique binaire était bien appelée aristotélicienne dnas les travaux d'AK, il ne s'y trouve aucune "théorie du traitement sémantique" et AK n'a jamais parlé de "niveau de gris," une chose qui négligerait les différents niveaux, si important en sémantique générale. Je ne peux que supposer que ceci est l'interprétation de LRH's que Volper a projeté comme venant de AK, probablement sans avoir de connaissance directe de ses travaux.
L'adaptation Scientologique de cette théorie montre l'enthousiasme Hubbardien typique en amenant les Echelles de Degrés à un point absolu. L'Echelle Tonale part des niveaux connus de Peur (1.0), Colère (1.5), Ennui (2.5), Enthousiasme (4.0), ne prenant que quelques-unes des valeurs arbitraires, pour s'étendre à la Sérénité de l'Etre (40.0) et Hubbard affirme que ce dernier stade est un absolu impossible à atteindre. Hubbard prétend que le Ton 40.0 est un état tellement élevé qu'il en devient irréel dans l'univers physique, c'est_à-dire que le joueur du jeu de la vie aurait des capacités tellement supérieures qu'il ne pourrait même pas jouer."
— Cyril Volper, from The Mind Benders, Scientologie - Chapter 2.
Ce que nous avons là 'sont' des inepties pseudoscientifiques. Au moins, rien de tout çà n'est attribué à la sémantique générale dans ce paragraphe.

Eric Steven Raymond

ESR founit deux entrées avec le titre "Sémantique Générale", la première étant des notes sur la deuxième (d'après ESR lui-même):

Sémantique Générale
Il y a des erreurs et des omissions importantes dans cette entrée. [...] L'influence de la SG sur la Dianétique n'est pas une probabilité mais une certitude. Mon grand-père était un des premiers étudiants de SG à flirter avec la Dianétique et a connu un peu L. Ron Hubbard. Ce qu'il m'a raconté est soutenu par des preuves documentaires; Hubbard s'est accroché à quelque idées de SG durant les années 40 et les a placées dans la Dianétique et ce qui est devenu ensuite la Scientologie. La partie SG fut totalement mise au rebut de la Scientologie à partir de 1960; personnellement, je soupçonne que Hubbard ne voulait pas avoir quoi que ce soit dans son système qui puisse apprendre à ses victimes comment penser de façon efficace.
— Eric Steven Raymond, from Commentaires sur l'Encyclopédie de SF.
ESR parle de son grand-père, qui connaissait "un peu" LRH, mais n'explique pas comment cette connaissance de son grand-père a pu lui donner la "certitude" que la sémantique générale a influencé la Dianétique. Ceci constitue au mieux un aveu de oui-dire de ce que LRH avait écrit (les fameuses preuves documentaires). Et de toutes façons, ESR admet que la partie sg a été totalement éliminée de la Scientologie en 1960, parce que LRH ne voulait pas "apprendre à ses victims comment penser de façon efficace." C'est-à-dire que, si la sémantique générale a influencé la Dianétique, c'était plutôt pour le meilleur, mais que ce meilleur a été éliminé ensuite. Nous avons donc ici, au mieux, un lien de deuxième niveau, probablement fondé sur les prétentions doûteuses de Hubbard.

Puis nous avons l'entrée "Sémantique Générale" elle-même:

GENERAL SEMANTICS (entrée suggérée)
Un mouvement quasi-philosophique fondé à Chicago en 1938 par le Comte Alfred Korzybski ("AK"), dont "Science And Sanity'' (1933) était le texte fondateur. La SG enseigne que toute représentation linguistique néglige la plus grande partie de la réalité ("La carte n'est pas le territoire; le mot n'est pas la chose définie.'') et en particulier qu'une grande partie de la non-sanité est causée par l'adhésion à la représentation aristotélicienne de la logique bivalente ou bien-ou bien, que Korzybski a vue comme étant intégrée la la structure des langages Indo-Européens. A partir de ce simple début, [...] Korzybski a construit un système truffé de jargon, controversé et complexe de ce qu'il a appelé "hygiène mentale'' avec pour but d'augmenter l'intelligence effictive de l'étudiant. Ces idées, reprises de façon plus accessible dans le livre de Samuel Hayakawa's "Language In Thought And Action'' (1941), Stuart P. Chase's "The Tyranny of Words'', et d'autres sources secondaires, on connu un succès surprenant dans les années 40 et le début des 50, et ont influencées de nombreux auteurs de SF de l'époque (y compris L. Ron HUBBARD, qui a coopté quelques thèmes de la SG dans sa Dianétique). [...] Après 1955 la SG est elle-même entrée dans une période de déclin, devenant associée généralement à laScientologie et largement considérée comme une PSEUDO-SCIENCE.
— Eric Steven Raymond, from Commentaires sur l'Encyclopédie de SF.
Lorsqu'il affime que la "SG enseigne que toute représentation linguistique néglige la plus grande partie de la réalité ", ESR fait probablement allusion à la deuxième premisse de la sémantique générale "une carte ne recouvre pas tout le territoire," une citation incorrecte. Il répète son affirmation sur la cooptation de quelques"thèmes de SG" dans la Dianétique, mais ne dit toujours pas lesquels. Puis, la sémantique générale devient, selon ESR, "généralement associée" à la Scientologie. Ceci pourrait bien être un appel à la popularité (raisonnement ad populum). Et elle aurait été "largement considérée comme une pseudo-science," (par combien et qui aurait fait cette statistique?) peut-être à cause d'une culpabilité par alliance, ou plus probablement à cause du livre de Gardner, qui est rempli de mauvaises interprétations des travaux d'AK, comme le fait remarquer ESR:
"Les magiciens démasqués de Gardner est en gros un excellent ouvrage, à mons sens, mais sa partie sur Korzybski était un travail de recherche à la va-vite."
— Eric Steven Raymond, from Commentaires sur l'Encyclopédie de SF.

Autres liens

Il y a quelques autres liens que l'on peut facilement trouver en utilisant Internet. La plupart se fondent sur les liens de second niveau de Jon Atack's et de Cyril Volper, c'est-à-dire que ce sont des liens de troisième niveau ou plus. Quelques-uns sont des opinions personnelles sans aucun support apparent, tel que celle de Ralph E. Kenyon Jr:
"La sémantique générale et la Scientologie partagent un certain nombre de premisses, mais la séparation 'corps-esprit' n'est pas l'une d'entre elles."
Kenyon affirme un lien positif mais ne réussit pas à le supporter, en donnant à la place une des nombreuses différences ! Il continue son 'explication':
"Une différence d'une seule prémiss[e] produit l'espace "plat" Euclidien au lieu de l'espace "courbe" non-Euclidien — deux entités totalement différentes"
De cette façon, Ralph E. Kenyon Jr ajoute une mauvaise analogie à sa liste d'erreurs de raisonnement, en sous-entendant qu'il y a seulement une différence d'une seule premisse entre la sémantique générale et la Scientologie, bien qu'il reconnaisse que cette différence peut conduire à de grandes différences (mais de toutes façons, la géométrie Euclidienne est toujours une branche des mathematiques, de même que la géométrie non-Euclidienne). Comme il est montré ci-dessous, il y a beaucoup plus de différences et le résultat est que nous quittons la science, pour entrer dans le domaine de la pseudoscience et de l'escroquerie de la Scientologie.

III - Les preuves directes

Essayons de trouver quelques similitudes entre la sémantique générale et la Scientologie, comme preuves directes et bases objectives des prétentions de LRH.

Le terme "identification" est utilisé dans les deux disciplines. Voici la définition scientologiste, extraite de leur Glossaire des Termes de la Scientologie et de la Dianétique:

A=A=A=A: n'importe quoi égale n'importe quoi égale n'importe quoi. C'est ainsi que fonctionne l'esprit réactif, identifiant irrationnellement pensées, personnes, objets, expériences, affirmations, etc., les unes avec les autres alors qu'il ny a que peu ou pas du tout de similtudes réelles. Tout est n'importe quoi d'autre. M. X regarde un cheval et sait que c'est une maison et sait que c'est un professeur d'école. Donc, lorsqu'il voit un cheval, il est respecteux.
En sémantique générale, la définition de l'identification est "confusion de niveaux d'abstraction", confondre un mot avec ce qu'il représente, etc. Confondre un cheval avec une maison et avec un professeur d'école est un erreur de raisonnement de définition trop large. LRH a probablement mal compris et 'emprunté' un mot sans comprendre sa signification en sémantique générale.

Une autre similitude est l'utilisation du 'psychogalvanomètre'. En Scientologie, il est appelé E-meter et est défini dans le Glossaire des Termes de la Scientologie et de la Dianétique de la manière suivante:

E-meter: l'Electromètre de Hubbard est un appareil religieux utilisé dans le confessional de l'Eglise. En lui même, il ne fait rien, et il est utilisés par les pasteurs uniquement, pour aider les paroissiens à localiser les zones de détresse spirituelles ou de 'travail'. L'E-mètre n'est pas utilisé ni efficace pour le diagnostic, le traitement ou la pévention de quelque maladie que ce soit. Il fait passer un petit courant à travers le corps du pré-clair. Ce courant est influencé par les masses mentales, les images, circuits et machineries. Lorsque le pre-clair non-clair pense à quelque chose, ces éléments mentaux bougent et c'est ce qu'entregistre l'appareil.
En sémantique générale le psychogalvanomètre est présenté par AK dans Science and Sanity, p. 119:
C'est un fait expérimentalement établi que toute les activités nerveuses et 'mentales' sont liées ou sont carrément des courants électriques qui, ces derniers temps sont étudiés de près à l'aide d'un instrument appelé psychogalvanomètre.21 Ceci ne signifie pas que les courants électriques soient les seuls qui soient impliqués dans ces phénomènes..
Autrement dit, le 'psychogalvanomètre' est utilisé pour mesurer des courants électriques et rien d'autre, comme dans n'importe quelle expérience scientifique utilisant l'électrique. Ceci n'a aucun rapport avec l'utilisation religieuse ou avec une utilisation 'psychothérapeutique' doûteuse et cachée (malgré le démenti de la définition Scientologique). Plus généralement, certains ont utilisés un 'psychogalvanomètre' pendant des séminaires de sémantique générale pour montrer le non-elementalisme du corps-esprit: la transpiration influence la conductivité du corps et cet effet est mesuré par l'appareil, comme une sorte de 'détecteur de mensonges' limité et primitif.

Finalement, la Scientologie utilise un autre mot que AK a utilisé: "sanité." Voici la définition qu'en donne le Glossaire des Termes de la Scientologie et de la Dianétique:

sanité: la capacité à reconnaître les différences, similitudes and identités. La définition légale de la sanité est “la capacité à reconnaître le bien du mal.” Plus une personne peut faire la différence, plus elle est rationnelle. Moins elle en est capable, peu importe de combien, et moins elle connaît la GRANDEUR de ces différences et plus elle se rapproche de la pensée en identités (A=A), moins elle est saine. Voir aussi A=A=A=A.
Il est tout à fait certain que quelqu'un qui confond un cheval avec une maison et un professeur d'école est moins que sain ou très myope, au mieux. Fondée sur la définition scientologique de l'identification, elle hérite de sa définition trop large. "Reconnaître des identités" n'a pas de sens en sémantique générale, puisque l'une de ses prémisses est qu'il n'existe pas deux objets identiques sous tous leurs aspects et donc il n'y a rien à reconnaître.

En sémantique générale, moins on confond les niveaux d'abstraction, plus on est sain. Mais alors que Korzybski s'est appliquι dans son travail a éviter ces confusions, la Scientologie les encourage au contraire, la première étant l'élémentalisme corps et esprit (objectifier ces deux mots est une identification). Autrement dit, il y a une vague similaritude dans la définition de sanité, mais la Scientologie n'applique pas la définition qu'elle prêche.

Voila les seules preuves directes de similitudes entre les deux disciplines. Pour être charitable, disons qu'elles sont peu concluantes. Maintenant, voyons un peu les différences sans lesquelles cette étude ne serait pas 'complète.' La liste suivante n'est pas fermée.

Scientologie Sémantique Générale
fondée sur la foi, en tant que 'religion' fondée sur la science moderne, encourage 'l'esprit critique' (extensionalité)
fondée sur une séparation corps et esprit élémentaliste previent l'élémentalisme
Tendance à dissocier la 'personnalité' 'Personnalité' intégrée
Ordre d'évaluation inversé pathologiquement Ordre naturel d'évaluation
Encourageant la non-sanité Encourageant la sanité
Ajustant les faits empiriques aux modèles verbaux Ajustant les modèles verbaux aux faits empiriques
Non-similitude de structure entre langage et faits Similitude de structure entre langage et faits
affaires lucratives strictement sans but lucratif, en ce qui concerne les organisations officielles
opposée à la psychiatrie et la psycho-thérapie fondée sur la psycho-thérapie (Korzybski a étudié les malades 'mentaux' pendant deux ans dans un hôpital psychiatrique avant de publier Science and Sanity)
fondée sur le système aristotélicien dont elle utilise sans merci les prémisses d'identité et de toutité fondée sur les prémisses de non-identité et de non-toutité
remplie de fantaisies science-fictionesques provenant de l'imagination délirante (ou des cauchemars) de Lafayette Ron Hubbard fondée sur des données scientifiques connues
Lafayette Ron Hubbard n'avait aucun bagage scientifique et prétendait être un savant atomiste Korzybski avait officiellement un diplôme d'ingénieur chimiste

Etc.

IV - Conclusion

La conclusion est facile: les liens entre les deux disciplines ne sont pas significatifs. Le fait est qu'un nombre inconnu parmi les premiers étudiants de la sémantique générale members se sont 'fourvoyés' dans la Scientologie plus tard. Au mieux, nous avons un mauvais 'raisonnement'de type accident ou feux des projecteurs, sans aucune statistique en support: les 'conversions' de l'une à l'autre ont été certainement très rares et aucune conclusion ne peut être tirée d'un échantillon si petit.

D'un autre côté, les différences objectives sont si importantes que personne ayant une compréhension correcte de la sémantique générale ne pourrait se 'fourvoyer' dans la Scientologie, comme l'a exprimé Hayakawa pas plus tard qu'en 1951:

"Le charme trompeur du vocabulaire pseudoscientifique et les promesses de la Dianétique ne peuvent que condamner les millers de personnes qui sortent à peine de l'ignorance scientifique à la perpétuation de leur sensibilité à la magie des mots et au gâchis sémantique."
— S. I. Hayakawa, "Dianétique: De la Science-fiction à la Science Fictive," pp.280-293, Etc: A Review of General Semantics vol 8:4 (1951).

Non lieu !