LA SÉMANTIQUE GÉNÉRALE
Vers un nouveau système général d'évaluation et de
prédictibilité pour résoudre les problèmes humains
Alfred Korzybski
Auteur de Manhood of Humanity et Science and Sanity
Article extrait de Alfred Korzybski: Collected Writings 1920-1950
© I.G.S. Englewood, New Jersey
Traduction française de José Klingbeil
Société Européenne de Sémantique
Générale
INSTITUTE OF GENERAL SEMANTICS
Englewood, New-Jersey, USA
LA SÉMANTIQUE GÉNÉRALE
Alfred Korzybski a créé en 1933 le terme de
"sémantique générale" pour désigner
une théorie générale de l'évaluation qui,
une fois appliquée, s'est révélée être
une science empirique fournissant des méthodes d'ajustement dans nos
vies privée, publique et professionnelle. Ces travaux ont abouti
à la formulation d'un nouveau système, dont la sémantique
générale est le mode opératoire.
Cette théorie fut présentée pour la première
fois dans son livre Science and Sanity: An Introduction to
Non-Aristotelian Systems and General Semantics.
Qu'est-ce qui Fait des Etres Humains des Humains ?
Après la Première Guerre Mondiale, réalisant que
certaines révisions conceptuelles fondamentales étaient
devenues indispensables, Korzybski et quelques autres entreprirent
d'analyser les facteurs qui précipitaient l'homme dans de tels
désastres. En étudiant les problèmes de la
'nature humaine', il trouva incontournable de réviser les
vieilles notions concernant les humains, notions héritées
des primitifs et systématisées dans la Grèce
antique. Il construisit une nouvelle définition fonctionnelle
de 'l'homme', du point de vue épistémologique, historique
et de l'ingéniérie, avec des implications d'une
très grande portée.
Il devint nécessaire d'étudier, pour la première
fois, les potentialités humaines sans se reposer aveuglément
sur les données statiques des statistiques sur les
comportements humains passés, approche dont on sait aujourd'hui
qu'elle est peu sûre voire trompeuse.
Telle était la thèse du premier livre de Korzybski,
Manhood of Humanity: The Science and Art of Human Engineering (1921).
Il évita les dogmes mythologiques et se demanda: "Quelle est
la caractéristique unique qui fait des êtres humains des
humains ?" Il observa d’un oeil neuf qu'à la différence
des animaux, chaque génération humaine a la capacité
potentielle de repartir du point où la génération
précédente s'est arrêtée. Il analysa les
processus socio-culturels et neurologiques par lesquels les hommes
peuvent créer, conserver et transmettre le fruit de leurs
apprentissages personnels aux générations futures. Il
baptisa cette capacité neurologique unique le time-binding.
L'Ingéniérie Humaine
La structure de nos formes de représentation (langages,
etc.) s'est révélée avoir une importance primordiale
dans l'histoire des cultures humaines. Avec le regard pratique d'un
ingénieur, Korzybski demanda: "Pourquoi les structures
bâties par les ingénieurs ne s'effondrent-elles
généralement pas, ou si elles le font, les erreurs
physico-mathématiques et autres erreurs d'évaluation
sont aisément détectées, alors que les systèmes
politiques, économiques, sociaux, etc., qui sont également
des produits humains, s'effondrent sporadiquement, sous forme de guerres,
de révolutions, de dépressions financières, de
chômage, etc.?" Ce qui amena la question suivante: "Que
font donc les ingénieurs, sur le plan neurologique, lorsqu'ils
bâtissent des ponts ou autres ouvrages ?" La réponse fut:
"Ils utilisent un langage spécial, restreint mais 'parfait',
appelé mathématiques, langage d'une structure
similaire à celle des faits dont il traite et qui produit en
conséquence des résultats empiriques prédictibles."
Il examina alors ce que font neurologiquement ceux qui
édifient les structures politiques, économiques, sociales et
autres structures humaines instables, et découvrit qu'ils emploient
des langages (c'est-à-dire des formes de
représentation) dont la structure n'est pas similaire aux
faits de la science et de la vie tels que nous les connaissons aujourd'hui.
En conséquence, les résultats sont imprédictibles et
il s'ensuit des désastres.
Bien que les principaux faits historiques soient connus, les solutions
aux problèmes humains ont été bloquées par les
dogmes métaphysiques, mythologiques et pré-scientifiques
qui interdisent et continuent d'interdire la possibilité de
détecter des erreurs fondamentales.
Origine de la Sémantique Générale
Clairement, une solution exigeait la formulation d'un système
général, fondée sur les méthodes
physico-mathématiques d'ordre, de relation, etc., système qui
rendrait possible des évaluations appropriées et, par
conséquent, une prédictibilité.
Le premier pas fut de corriger la vision primitive des hommes qui se
considéraient comme des organismes uniquement biologiques, du
niveau des animaux, plutôt que comme des organismes
psycho-biologiques plus complexes, produisant leurs propres environnements
socio-culturels, leurs sciences, leurs civilisations, etc. Même le singe
le plus 'intelligent' n'en a jamais fait autant.
L'étape suivante fut une intégration méthodologique
de ce que l'on savait déjà et la mise au point de formulations
générales, enseignables, pour traiter les facteurs de plus en plus
nombreux et complexes des inter-relations psycho-biologiques humaines.
Pour affronter de tels problèmes, il a fallu envisager les environnements
neuro-linguistiques et neuro-sémantiques en tant qu'environnements.
Le mot "sémantique" fut introduit dans la littérature
linguistique par Michel Bréal et traduit en anglais en 1897. Il provient
du grec semainein ("vouloir dire, signifier") et Bréal insista sur
le sens au niveau verbal. Lady Welby, sa contemporaine introduisit une
théorie des Significs, évaluation plus organismique du
"sens" de Bréal.
Korzybski, en 1933, nomma sa théorie "sémantique
générale", parce qu'elle traite des réactions
nerveuses de l'organisme humain considéré
comme-un-tout-dans-des-environnements, et qu'elle est beaucoup plus
générale et organismiquement fondamentale que les "sens"
des mots comme tels, ou les Significs.
Cette théorie est dite "non-aristotélicienne" parce que, bien
qu'elle inclut comme cas particulier le système aristotélicien
encore prédominant, sa formulation est plus large et plus
générale, pour pouvoir s'accorder avec le monde et la 'nature
humaine' tels que nous les connaissons aujourd'hui et non plus tels que les
connaissait Aristote vers 350 av. J.-C.
Les postulats aristotéliciens ont influencé le système
euclidien et, ensemble, ils sous-tendent le système newtonien qui suivit.
Le premier système non-aristotélicien tient compte de
données complexes récemment découvertes dans tous les
domaines; il s'aligne et se trouve en interdépendance
méthodologique avec les nouveaux développements non-euclidiens
et non-newtoniens en mathématiques et en physique mathématique,
développements qui rendirent même possible la libération
de l'énergie nucléaire, comme par exemple dans les bombes atomiques.
Ce point de vue général, élargi et revu, rend
nécessaires de profondes réformes dans les méthodes
d'éducation, l'élimination des cloisonnements actuels dans
l'enseignement, etc., ce qui ne pouvait être fait qu'une fois acquise
l'unification des sciences exactes et des orientations humaines
générales, par une synthèse méthodologique
appropriée. Assise sur des méthodes scientifiques modernes
(physico-mathématiques) et sur les fondations des mathématiques,
cette unification permet l'intégration de techniques
élémentaires, exploitables et simples, qui ont pu être
appliquées dans n'importe quelle entreprise humaine, y compris dans
l'éducation des jeunes enfants.
MÉCANISMES PSYCHO-LOGIQUES DANS LE
COMPORTEMENT HUMAIN
En formulant cette synthèse, il devint évident que, pour
comprendre le travail du système nerveux humain comme-un-tout, il
fallait déduire la méthode du fonctionnement nerveux à
partir d'exemples tels que (1) le meilleur produit du comportement humain (les
mathématiques, etc.) et (2) le pire (les désordres psychiatriques).
Il s'avéra qu'aux deux extrêmes, les mécanismes
psycho-logiques étaient similaires, différant non point en
nature mais en degré, et que les réactions de la
plupart des gens se situaient quelque part entre les deux.
Désorientation espace-temps dans les désordres psychiatriques
L'observation d'ensemble des réactions humaines quotidiennes montre que
beaucoup de personnes 'normales' souffrent à des degrés divers
d'une désorientation espace-temps. Les patients des hôpitaux
psychiatriques présentent souvent des désorientations
aiguës relatives à "qui", "où", "quand". En fait, dans le
monde entier, ce sont les premières questions que l'on pose aux patients
qui entrent dans ce type d'hôpitaux, et leurs réactions à
ces questions donnent de nombreux indices sur la gravité de leur maladie.
Même des individus moyens 'normaux' réagissent souvent comme
si certaines situations, événements, etc., ici (par
exemple à Chicago) et maintenant (par exemple en 1947),
étaient de valeur identique à certains autres incidents,
événements ou situations arrivés ailleurs (par
exemple à Seattle) quelques années plus tôt (par
exemple en 1926). Ces personnes restent inconscientes de ces différences
fondamentales dans l'espace-temps et donc incapables de la maîtriser,
leurs réactions continuant à se produire au niveau infantile et
par conséquent nécessairement mal-ajustées à leur
situation actuelle (1947).
Les médecins ayant l'habitude de la sémantique
générale ont souvent soigné ces cas-là avec
succès, appliquant ces nouvelles méthodes extensionnelles en
psychothérapie pour éliminer l'identification du passé au
présent etc. réorientant ainsi la personne dans l'espace-temps.
De nombreuses observations indiquent que les techniques d'orientation
générale fondées sur un ordonnancement de l'espace-temps
physico-mathématique, etc. simplifient la compréhension des
problèmes humains les plus complexes. Du même coup, elles montrent
le chemin de mesures éducatives neuro-préventives pour lutter
contre les inadaptations socio-culturelles graves, et indiquent des
possibilités de construction d'une nouvelle anthropologie
appliquée et une nouvelle écologie humaine, prenant en
considération nos environnements neuro-sémantique et
neuro-linguistique en tant qu'environnements.
Orientation Espace-Temps dans les Mathématiques
L'étude des mathématiques en tant que forme de réactions
neuro-linguistiques conduisit à une nouvelle définition du nombre,
en termes de comportement humain et de relations, qui s'applique aussi bien aux
niveaux verbaux que non-verbaux. Cette nouvelle définition
éclaircit les problèmes de l'infini mathématique,
révèle le caractère fictif des nombres transfinis, etc.
Jusqu'en 1933, aucune définition du nombre n'avait été
donnée qui puisse expliquer la nature du nombre, de la mesure, etc.,
en expliquant la validité unique et le haut degré de
prédictibilité des résultats obtenus à l'aide des
méthodes mathématiques. L'ancienne définition du nombre
formulée en termes de "classe de classes" donnait des résultats
formulés dans les mêmes termes, ce qui n'expliquait rien. La
nouvelle définition du nombre en tant que relations
asymétriques, spécifiques et uniques produisit des solutions
en termes de ces relations, conduisant à la structure. Or, la structure
étant reconnue comme seul contenu de la connaissance humaine et la
science non-aristotélicienne des mathématiques s'occupant
uniquement de relation et par conséquent de structure, le vieux
mystère: "Pourquoi les mathématiques et la mesure?" est
éclairci: la validité unique des méthodes
mathématiques est expliquée, qu'elles soient appliquées
aux mathématiques elles-mêmes, aux autres sciences ou aux
problèmes humains de la vie.
PRÉMISSES DE LA SÉMANTIQUE
GÉNÉRALE
Les prémisses du système non-aristotélicien peuvent
être données par la simple analogie de la relation entre une
carte et le territoire:
- Une carte n'est pas le territoire.
- Une carte ne représente pas tout le territoire.
- Une carte est auto-réflexive en ce sens qu'une carte
'idéale' devrait inclure une carte de la carte, etc., indéfiniment.
Appliqué à la vie courante et au langage, cela donne:
- Un mot n'est pas ce qu'il représente.
- Un mot ne représente pas tous les 'faits', etc.
- Le langage est auto-réflexif en ce sens que nous pouvons
l'utiliser pour parler à propos du langage.
Nos réactions habituelles, aujourd'hui, sont cependant encore
fondées sur des postulats inconscients, pré-scientifiques et
primitifs qui, mis en pratique, violent la plupart du temps les deux
premières prémisses et ignorent la troisième. Les
mathématiques et la sémantique générale sont les
seules exceptions.
Auto-réflexivité
La troisième prémisse naquit de l'application à la vie
courante du travail extrêmement important de Bertrand Russell, qui donna
ses lettres de noblesse à l'auto-réflexivité en tentant de
résoudre les auto-contradictions en mathématiques, par sa
Théorie des Types Mathématiques. Nous pouvons parler
(verbaliser) au sujet d'une "proposition au sujet de toutes les
propositions" mais en réalité, nous ne pouvons pas
faire une proposition au sujet de toutes les propositions
puisqu'en le faisant nous produisons en fait une nouvelle proposition
et nous nous heurtons à des auto-contradictions absurdes. Russell
a très justement baptisé "totalités
illégitimes" ces productions verbales pathologiques. Nous avons
vécu, nous autres humains, selon ces sur-généralisations
inconscientes, sans beaucoup de succès.
Appliquée par Korzybski à notre vie quotidienne,
l'auto-réflexivité introduisit des facteurs
neuro-linguistiques importants pour l'adaptation et la maturité
humaines; en particulier les principes des différents ordres
d'abstractions, la multiordinalité, la circularité de la
connaissance humaine, les réactions d'ordre second, les réactions
différées par ordonnancement dans l'espace-temps,
l'intégration thalamo-corticale, etc.
Conscience d'abstraire
Ces principes ont, à leur tour, conduit à une conscience
d'abstraire générale, fondement nécessaire à
la réalisation de la maturité socio-culturelle. Ceci produisit,
entre autres résultats, le moyen d'éliminer la fausse
connaissance active, dont on sait qu'elle génère des
inadaptations. On découvrit dans le même temps que la simple
ignorance passive est souvent impossible chez les êtres humains,
mais qu'elle devient une connaissance inférentielle active, qui
peut attribuer dogmatiquement une 'cause' fictive à des 'effets'
observés—tel est le mécanisme des mythologies primitives. La
connaissance inférentielle, cependant, lorsqu'elle est
consciemment reconnue comme telle, forme la connaissance
hypothétique de la science moderne et cesse d'être un dogme.
PROCÉDÉS EXTENSIONNELS
Pour acquérir cette souhaitable conscience d'abstraire, des
évaluations plus appropriées, etc., certaines techniques furent
directement empruntées aux méthodes physico-mathématiques
modernes, dont l'usage s'est avéré efficace empiriquement et
possédant une valeur préventive appréciable, notamment
au niveau de l'éducation des enfants. Korzybski appelle
procédés extensionnels les outils suivants:
- Les indices pour nous rendre conscients des différences dans
les ressemblances et des ressemblances dans les différences, par exemple
Dupontl, Dupont2, etc.
- Les indices-en-chaîne pour indiquer des
interconnections d'événements dans l'espace-temps, où
une 'cause' peut avoir une multitude 'd'effets', qui à leur tour
deviennent des 'causes', introduisant également des facteurs
environnementaux, etc. Par exemple, Chaise1-1 dans un grenier sec,
différente de Chaisel-2 dans une cave humide, ou bien un
événement unique survenu à un individu dans son enfance
et qui peut colorer ses réactions (réactions-en-chaîne)
pour le reste de sa vie, etc. Les indices-en-chaîne évoquent
aussi les mécanismes des réactions-en-chaîne très
largement à l'oeuvre dans ce monde et dans la vie, y compris dans
l'environnement socio-culturel humain, immensément complexe.
- Les dates pour donner une orientation physico-mathématique
dans un monde de processus espace-temps.
- Et caetera (etc., qui peut être abrégé en une
double ponctuation, telle que ., ou .; ou .:): pour nous rappeler en
permanence la seconde prémisse "pas tout"—pour nous entraîner
à rester conscients des caractéristiques laissées de
côté et nous rappeler indirectement la première
prémisse "n'est pas"—afin de développer la flexibilité
et un plus grand degré de conditionalité dans nos
réactions sémantiques.
- Les guillemets pour nous avertir de nous méfier des termes
métaphysiques ou élémentalistes et que les
spéculations fondées sur ces termes sont trompeuses.
- Les traits d'union pour nous rappeler les complexités de
l'interrelation dans ce monde.
Nouvelles implications structurelles du trait d'union
Le trait d'union représente les nouvelles implications structurelles:
(1) dans espace-temps de la physique nouvelle, il a
transformé toute notre vision du monde et est devenu le fondement des
systèmes non-newtoniens;
(2) dans psycho-biologique, il marque nettement la
différence entre les animaux et les humains, et devient la base du
présent système non-aristotélicien;
(3) dans psycho-somatique, il est en train de transformer
lentement la compréhension et la pratique médicales, etc.;
(4) dans socio-culturel, il indique le besoin d'une nouvelle
anthropologie appliquée, d'une écologie humaine etc.,
(5) dans neuro-linguistique et neuro-sémantique,
il fait ressortir que nous n'avons pas affaire à un simple verbalisme
mais à des réactions humaines vivantes. Etc., etc.
Oublieux des implications structurelles, certains spécialistes
compartimentés persistent à s'isoler d'un côté ou
de l'autre du trait d'union, comme si leurs spécialités
étaient réellement des entités séparées.
En éliminant le trait d'union structurel de termes tels que
"psycho-biologique" (i.e. "psychobiologique") et "psycho-somatique" etc., on
fait croire au public qu'il s'agit là de questions simples, alors que
leur complexité s'est accrue aujourd'hui au-delà même de
l'entendement des professionnels.
Dans certaines sciences, des solutions ont déjà
été trouvées (conduisant aux problèmes
méthodologiques généralisés dans la
révision non-aristotélicienne), souvent indiquées par
le trait d'union, tandis que dans d'autres le processus douloureux de remise
en question est encore en cours.
Par exemple, la physique est passée des formulations
élémentalistes, scindées, 'espace absolu' et 'temps
absolu', héritées d'Aristote, Euclide et Newton, à
l'espace-temps intégré et non-élémentaliste
d'Einstein-Minkowski et d'énormes progrès ont suivi. En science
médicale, par contre, on commence tout juste à s'intéresser
aux problèmes psycho-biologiques et psycho-somatiques, ce qui demande
une réévaluation complète des disciplines existantes.
APPLICATIONS DE CES FORMULATIONS
Les formulations du premier système non-aristotélicien ont
cristallisé des tendances épistémologiques, scientifiques
et historiques, accumulées depuis plus de deux mille ans, fournissant
des méthodes d'enseignement et d'application générale,
ayant un maximum d'efficacité pour un développement plus complet
des possibilités humaines et donc pour la maturité de
l'humanité. La méthode scientifique (1947) doit être
générale et s'adapter à n'importe quelle phase de la vie
ou de la science.
On ne peut mentionner ici qu'un petit nombre d'exemples des nombreux et
différents domaines d'application où la sémantique
générale s'est déjà avérée utile:
(1) Les fondements des mathématiques et par conséquent
des méthodes d'enseignement ont été révisées.
(2) Au Sénat américain, la Commission des Affaires Maritimes
a discuté des nouvelles méthodes en liaison avec (a) le
problème de la recherche scientifique nationale; (b)
l'évaluation scientifique de la fusion de la Défense et de la
Marine; (c) l'entraînement des officiers de Marine, au sujet duquel
le Capitaine J. A. Saunders a fortement recommandé que tous les
officiers de Marine soient entraînés aux nouvelles méthodes.
D'autres applications ont été faites dans:
(3) l'introduction des causes et les débats dans les Cours de justice;
(4) le soulagement des combattants épuisés sur le
théâtre d'opérations européen, appliqué par
le Lt. Col. Douglas M. Kelley, M. C. à plus de 7.000 cas;
(5) le diagnostic en médecine psycho-somatique, et comme aide au
conseil et à la pratique de la psychothérapie individuelle ou
de groupe;
(6) le traitement du bégaiement;
(7) l'aide dans les troubles de lecture;
(8) l'élimination du trac. Etc., etc.
Et peut-être plus importantes encore sont les applications faites dans
les méthodes et le contenu de l'éducation à tous les
niveaux, de la maternelle au lycée et à l'université.
Si cette liste partielle semble impressionnante, il faut se rappeler que,
pour avoir une utilité optimale, une méthodologie scientifique
doit nécessairement être de portée universelle.
ALFRED KORZYBSKI
BIBLIOGRAPHIE
A. Korzybski, Manhood of Humanity: The Science and Art of Human Engineering (1921, 1947)
C. J. Keyser, "Korzybski's Concept of Man", Mathematical Philosophy
(1922, 1946)
A. Korzybski, Science and Sanity: An Introduction to Non-aristotelian
Systems and General Semantics (1933, 1947)
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W. B. Paul, F. Sorenson et E. Murray, "A Functional Core for the Basic
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W. Johnson, People in Quandaries: The Semantics of Personal Adjustment
(1946)